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Page:Roland Manon - Lettres (1780-1793).djvu/92

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Mais Roland n’emmena pas immédiatement sa jeune femme à Amiens. « La première année de mon mariage se passa tout entière à Paris, où Roland était appelé par les Intendants du commerce, qui voulaient faire de nouveaux règlements de manufactures, règlements que Roland combattit de toutes ses forces, par les principes de liberté qu’il portait partout. Il faisait imprimer la description qu’il avait faite, pour l’Académie [des Sciences], de quelques Arts[1]et il mettait au net ses manuscrits sur l’Italie[2] ; il me fit son copiste et son correcteur d’épreuves…[3] »

On se logea « en hôtel garni » où Madame Roland, pour ménager la santé de son mari, peut-être aussi par économie, en vint à faire elle-même sa cuisine (Mémoires, II. 245). On verra plus loin (lettre du 22 avril 1780) qu’ils firent cette année-là deux logements ; nous ne savons quel fut le premier, où ils ne durent d’ailleurs que passer. Déjà, au 23 août 1780, ils étaient « à l’hôtel de Lyon, rue Saint-Jacques[4], en face de Saint-Yves[5]. C’est déjà là d’ailleurs, que logeait Roland au moment de son mariage et que nous le

  1. Ce terme, employé seul, est d’un usage courant dans la langue de la seconde moitié du XVIIIe siècle (voir Condorcet, Éloges, passim) pour désigner les arts mécaniques ou industriels. Il s’agit ici des monographies par lesquelles Roland, de 1779 à 1783, préluda à son grand Dictionnaire des manufactures et dont on trouvera l’énumération plus loin (Appendice G)
  2. Lettres écrites de Suisse, d’Italie, de Sicile et de Malte par M***, avocat en Parlement et de plusieurs Académies de France et des Arcades de Rome, qui mores hominum multorum vidit et urbes, à Melle *** à Paris en 1776, 1777 et 1778. Amsterdam, 1780. 6 vol. in-12 (En réalité, l’ouvrage s’imprima à Dieppe, avec des difficultés infinies — Voir Appendice D.)
  3. « À la fin de la même année, je fus mandé à Paris par l’Administration, pour concourir avec elle à la refonte et rédaction des règlements généraux et particuliers des manufactures de tout le royaume ; j’y passai l’année entière 1780, occupé de ce travail, de l’édition de mes Arts et de la conduite et régie des affaires de mon département ; toutes choses auxquelles j’ajoutai un plan raisonné de la refonte générale du corps des inspecteurs… (Mémoire des services du sieur Jean-Marie Roland de la Platière, ms. 6243, fol. 31-43)
  4. Voir ms. 6243, fol. 98, suscription d’une lettre adressée à Roland ce jour-là, par M. de Couronne, secrétaire de l’Académie de Rouen.
  5. L’hôtel de Lyon se trouvait « rue Saint-Jacques, en face de la chapelle Saint-Yves ». Or, comme cette chapelle était située « rue Saint Jacques, n° 47 au coin septentrional de la rue des Noyers » (Cocheris, II, 118 ; cf. plan Lucien Faucou), l’hôtel de Lyon devait être à l’angle septentrional de la rue Saint-Jacques et de la rue du Foin. La Chapelle Saint-Yves fut démolie en 1796 (Cocheris, ibid. ; Goncourt, Soc.fr.pendant le Directoire, p. 29.)