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Page:Roland Manon - Lettres (1780-1793).djvu/947

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le temps et le goût de la lire, vous y verrez ce que je pense des choses et des hommes, et combien les mêmes évènements présentent de faces différentes.

Je crains fort qu’il n’y ait à Lyon du sang versé et que les esprits ne s’y aigrissent pour longtemps. Et l’on ne gémirait pas quand on voit que l’incapacité ou la mauvaise foi de gens en place amène ces malheurs qu’un peu de sagesse aurait prévenus !

Envoyez à Lanthenas la lettre pour Brissot. Ellle lui tiendra lieu de ce que je ne puis lui écrire aujourd’hui, et il la remettra en mains propres, ce qui n’est pas à négliger, parce que de telles franchises ne sont pas faites pour tout le monde.


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À M. H. BANCAL, [À PARIS[1].]
25 juillet 1790, — [du Clos].

Nous avons reçu dernièrement une lettre d’un député patriote[2] ; j’ai pensé qu’il fallait vous la communiquer, parce que les bons citoyens doivent être au courant de leurs manières de voir réciproques : c’est le moyen de bien connaître la vérité, de servir plus sûrement la patrie.

C’est dans le même esprit que je viens de communiquer à Brissot, je ne dirai pas des faits, mais des considérations qui peuvent être utiles à l’écrivain et à l’ami de l’humanité[3].

Vous trouverez que notre député[4] nous jette terriblement dans la tristesse du premier verset de l’hiérodrame. Puisse-t-il s’exagérer les danger de l’État et mériter que vous l’accusiez de se tromper ! Dites-moi ce qu’il vous en semble.

  1. Lettres à Bancal, p. 17; — ms. 9534, fol. 17-18. — En marge : « Rép. le 30 ».
  2. Nous la donnons ci-après. Nous ne savons quel est le député qui l’écrivit. Peut-être Populus, député du Tiers-État de Bourg-en-Bresse. Roland avait d’anciennes relations avec les patriotes de Bourg, et on verra, par la lettre du 6 février 1791, qu’il correspondait avec Populus en même temps qu’avec Brissot.
  3. C’est la lettre à Brissot, du 23 juillet.
  4. Blot