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LITTÉRATURE DE GUERRE

liers d’autres souffrent et meurent : « Et tout ton amour, et toute ta souffrance, ton plus ardent désir ne réussissent pas à rendre sa dernière heure plus légère à un seul qui là-bas agonise… » — Ludwig Marck est prostré « sous le cauchemar de chaque minute ».

Menschen in Not…
Brüder dir tôt…
Krieg ist im Land…

Le poète qui écrit sous le pseudonyme de Dr  Owlglass, pour le 70e anniversaire de Nietzsche (15 octobre), propose aux Allemands un nouvel idéal : « non pas le surhomme, mais au moins… l’homme ! » — Cet idéal, Franz Werfel le réalise dans ses poèmes frémissants d’une humanité douloureuse, qui communie dans la misère et dans la mort :

« Plus que la communauté des paroles et des œuvres nous lie, tous, le regard qui s’éteint, et la couche funèbre, et la détresse mortelle, lorsque le cœur se brise. Que tu te courbes devant le puissant, que tu trembles devant le doux visage aimé, que tu épies l’ennemi d’un œil dur…, cois à l’avance oh ! vois le regard qui sombre, le râle effroyable, la bouche sèche, la main qui se crispe, la solitude dernière, et le front qui se mouille de misère et de sueur… Sois bon… La tendresse est sagesse, la douceur est raison…[1] — Étrangers nous sommes sur la terre, tous, et l’on meurt afin de se réunir.. »,[2]

  1. Hohe Gemeinschaft.
  2. Fremnde sind wir auf der Erde alle.