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Page:Rolland - Beethoven, 3.djvu/100

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BEETHOVEN

la Redoutensaal. Le résultat ne se fait pas attendre : rechute grave. Le 28 décembre, la fille de Nanette Streicher, qui vient le voir, le trouve grelottant dans un appartement glacé, les membres perclus, paralysé, la tête perdue. Il ne reconnaît même pas la visiteuse[1]. — Aucune amélioration à son état pulmonaire, en février 1817 [2]. On le leurre de l’espoir de la guérison, pour la fin du printemps ou l’été [3]. Mais les suites de la maladie se prolongent péniblement et lui ménagent une vie sans joie [4]. Il énumère à la comtesse

    affreux, il n’a pas trouvé son domestique à la maison : le valet avait emporté la clef. Il faisait très froid ; Beethoven avait un pantalon léger ; il a dû faire les cent pas, pendant trois heures, en attendant le retour du domestique. Il en a été malade, ensuite, tout le jour.

    * Car, le plus fort, c’est que, tout en ayant des domestiques, « il ne mange jamais à la maison, dit-il, que quand il a un hôte : car ses domestiques lui font trop dépenser ! » (lettre à Nanette : éd. Kalischer, ibid., no 635).

  1. « … Hier, j’ai vu votre chère bonne fille, mais j’étais si malade que je ne me souviens déjà plus ; mes propres-à-rien de domestiques avaient mis des heures — de 7 heures du matin à 10 heures du soir — pour m’allumer mon poêle : le froid terrible dans ma maison m’a glacé ; je pouvais à peine, le jour suivant, remuer un membre. Tout le jour, j’ai eu des quintes de toux et les plus affreuses douleurs de tête… j’ai dû me mettre au lit. » (Ed. Kalischer, ibid., no 581). Cf. lettre no 634, à Nanette :

    — « … Rentré le soir, à la maison, je n’en pouvais plus de douleurs, je n’ai rien pu faire d’autre que de me coucher sur le canapé… »

  2. Lettre du 15 février 1817 à Franz v. Brentano. Chez les Giannatasio, à qui il fait visite, pendant l’hiver, presque chaque soir, Fanny le dépeint perpétuellement malade, souffrant de coliques, crachant dans son mouchoir et regardant après s’il n’y a pas du sang. Il parle de la mort, il dit qu’il ne la craint pas. Mais il y pense constamment.
  3. Lettre du 15 février 1817 à P.-J. Simrock, de Bonn.
  4. « … erfordern ein ängstliches Leben. » (Lettre à l’archiduc, no 611 de Kalischer).