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Page:Rolland - Beethoven, 3.djvu/102

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BEETHOVEN

plasmes sur le dos… Un été affreux… À la fin d’août, il est désespéré…

— « Je suis souvent au désespoir, et je voudrais que ma vie finît, car on ne voit jamais la fin de toutes ces infirmités (Gebrechen). Dieu ait pitié de moi ! je me regarde comme perdu. (Gott erbarme Sich meiner, ich betrachte mich so gut wie verlohren)… Si cet état ne prend pas fin, je serai, l’année prochaine, au tombeau. Dieu soit loué, que je sois bientôt au bout de mon rouleau ![1] ».

Et à Nanette, le 25 août :

— « … Quelle misère ce peut être de se sentir malade, abandonné, sans soins, sans amis, dénué de tout,… on ne peut le savoir que si on l’a éprouvé… [2] ».

Il a le sentiment d’être diminué ; et on se sent navré avec lui, quand il écrit ces lignes poignantes :

— « Ayez patience avec moi ! Dans ma situation actuelle, je ne puis plus agir comme j’agissais naguère — bien que j’aie nom encore Beethoven ![3] ».

En cette année de misère 1817, le Dieu hindou, l’Omniscient, l’Indifférent à la misère comme à la joie, l’Au-delà du bien et du mal, le Souverainement libre de tout désir,

  1. Plus exactement : — « que le rôle soit bientôt joué » (« Gott sei dank, dass die Rolle bald ausgespielt ist… », 21 août 1817, à son ami Zmeskall, lui-même malade).
  2. « … Was es für ein Gefühl ist ohne Pflege, ohne Freunde, ohne alles sich selbst überlassen leidend zubringen zu müssen, das kann man nur selbst erfahren. »
  3. « … Uebrigens haben Sie Geduld mit mir, in meiner jetzigen Lage kann ich nicht mehr, wie ich sonst handelte, handeln, obschon ich noch Beethoven heisse » (à Nanette, fin août 1817, no 689 de Kalischer).