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Page:Rolland - Beethoven, 3.djvu/105

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LE CHANT DE LA RÉSURRECTION

est combat. Celui que livre Beethoven accuse, au jour le jour, les progrès ou la retombée du mal.

Comme on devait s’y attendre, la création est considérablement ralentie. Jamais, dans toute la vie de Beethoven elle n’a été aussi catastrophiquement réduite qu’en ce. années 1816 et (surtout) 1817.

Il faut remarquer toutefois que l’arrêt de production ne suit pas immédiatement la mort de son frère (15 novembre 1815), bien qu’il se dise « épuisé par les multiples secousses[1] », que cette mort soudaine lui a causées. Les lettres de janvier 1816 débordent, au contraire, de joyeux projets et de vitalité[2]. Il se dit prêt à composer tout ce qu’on veut. Il se montre même d’humeur galante, il serre une belle actrice sur son cœur, — « moi, le capitaine, le capitaine ![3] ». Il madrigalise en musique[4].

Ce n’est qu’à partir de la deuxième moitié de février

  1. « Von vielen Anstrengungen » (à l’archiduc, au lendemain de la mort du frère).
  2. Lettre exubérante, du 6 janvier, à Anna Milder-Hauptmann, la cantatrice : il brûle d’écrire pour elle un nouvel opéra ; il la prie d’aller demander, en son nom, un libretto au baron de la Motte-Fouqué, et de lui répondre, aussitôt — « bald, baldigst, sehr geschwind, so geschwind als möglich, aufs geschwindeste… ». — Lettre du même mois à Zmeskall, où il accepte avec joie l’offre d’écrire un oratorio pour la Gesellschaft der Musik-Freunde, et se dit prêt à le composer aussitôt. — Lettre du même mois à Charles Neate, où il parle des œuvres qu’il lui donnera pour l’Angleterre.
  3. « … ich der Hauptmann, der Hauptmann… » (plaisanterie sur le nom de Anna Milder-Hauptmann).
  4. Il écrit pour Neate, le 24 janvier 1816, un canon à trois voix, sur les paroles : — « Rede, rede, einer Schönen Schönes zu sagen ! »