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Page:Rolland - Beethoven, 3.djvu/109

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LE CHANT DE LA RÉSURRECTION

métronome de Maelzel, qu’il voudrait substituer aux vieilles désignations sentimentales : allegro, andante, etc.[1]. — Il songe même, comme un auteur qui est au terme de sa production, à une édition de ses Œuvres complètes[2].

À ne regarder que du dehors, la maison est vide, l’inspiration est en vacances. — Mais observons si, dans la demeure abandonnée, les forces intérieures ne poursuivent pas un travail caché ! Et peut-être que le créateur, paralysé, n’en a pas lui-même une exacte conscience. Il se plaint que « depuis sa maladie, il n a pu qu’extrêmement peu composer[3] ». Mais il ne dit pas que sa pensée ne cesse jamais de travailler. Et qui connaît tous les projets d’œuvres, toutes les idées musicales dont elle est pleine, et qu’elle triture sans arrêt[4] ? Quand Karl von Bursy vient le voir, au début de juin 1816, et, lui parlant d’un opéra que Beethoven songe à composer, dit que sans doute Beethoven aurait besoin, pour ce travail, de pouvoir s’y concentrer uniquement : — « Non, dit Beethoven, je ne fais rien ainsi, à la file (so fort und fort), sans interruption. Je travaille toujours à plusieurs choses à la fois, tantôt je prends celle-ci, tantôt celle-là… »

Il en a donc beaucoup ensemble sur le métier, même dans cette période de pauvre production. Qui nous dit que

  1. Lettre au Hoîrat von Mosel, 1817 (no 700 de Kalischer).
  2. Lettre à l’éditeur Simrock, de Bonn, 15 février 1817.
  3. À Charles Neate, 19 avril 1817.
  4. Quand, prévoyant sa mort prochaine, il dit à Fanny Giannatasio : — « Vraiment, j’ai encore peu fait pour l’art » (Freilich, für die Kunst habe ich noch wenig getan), il ajoute : — « De tout autres choses flottent devant mes yeux » (Mir schweben ganz undre Dinee vor) (1816-1817).