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Page:Rolland - Beethoven, 3.djvu/110

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BEETHOVEN

cette pauvreté n’amasse pas des richesses, pour l’avenir ?

Il suffit d’une lettre de Ries, lui transmettant affectueusement les offres des musiciens de Londres qui l’admirent, pour qu’il s’engage, avec enthousiasme, le 9 juillet 1917, à achever pour la Philharmonie Society « les deux grandes symphonies tout nouvellement composées ». … Quelles symphonies ? La Septième et la Huitième étaient déjà connues, depuis plusieurs années. De quelles autres s’agit-il donc ? Où existent-elles ? Dans son cerveau ?’Nous avons vu que, dès 1812, l’idée de la Neuvième commençait à germer…).

Et lorsqu’en mai 1818, le Oberdirektor des concerts de la Gesellsehaft der Musikfreunde, à Vienne, lui demandera une composition « héroïque », Beethoven répond :

— « Je n’ai rien d’autre quun sujet spirituel (geistliches). Vous en voulez un héroïque ? Soit ! Je le veux aussi ; seulement, je veux y mêler du « spirituel » : ce serait très bien à sa place ![1] ». Suit un Amen… N’entend-on pas bruire déjà la Missa Solemnis ?

D’autre part, si, depuis 1815, les œuvres écrites sont en petit nombre, de quelle rare qualité est le Liederkreis : an die jerne Geliebte (écrit, en avril 1816, aux jours mêmes où ses amis les plus proches disaient qu’« il ne pouvait plus écrire » ), où l’admirable Sonate pour piano, op. 101 (dont le deuxième morceau fut composé parallèlement au Liederkreis) ! L’extraordinaire intimité de sentiment et d’expression de ces deux œuvres fait contraste avec le Beethoven

  1. Lettre no 784 de l’éd. Ialischer.