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Page:Rolland - Beethoven, 3.djvu/112

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BEETHOVEN

a suivi, en première ligne, le maître de l’éloquence musicale et de l’héroïsme symphonique, la grande bouche des Conciones de Forum Romain et la trompette des batailles Napoléoniennes. Il l’a été. Nul ne le conteste. Il a été le chantre épique de la raison éloquente et armée. Ce fut, en quelque sorte, son rôle essentiel dans l’histoire. La Révolution française et l’Empire se mirent en lui.

Mais ce n’est qu’un champ de son domaine. Ce n’est qu’un chant. Il y a bien d’autres oiseaux dans la forêt : — celui de la jeune joie insouciante (autour de 1800), que rappelle avec prédilection un de ses biographes récents[1] ; — celui de la pure tendresse d’amour (Quatrième Symphonie) ; — celui de l’extatique contemplation de la nature (Pastorale ; Adagio du quatuor op. 59, no 2) ; — celui de l’humour étrange et des ombres inquiétantes, celui qui ouvre la porte au subconscient (quatuor op. 59, no 1 ; trio Erdödy op. 70, no 1, et son fameux largo shakespearien, dont les fumées sont sorties de la chaudière des sorcières de Macbeth)[2]

Sans chercher à les énumérer, je dois confronter ici les deux Beethoven antagonistes : le maître du discours musical,

  1. Emmanuel Buenzod.
  2. Cf. Nottebohm : Zweite Beethoveniana, p. 226. Dans des esquisses de 1808, pour un Macbeth de H. J. von Collin, se trouve la phrase caractéristique du largo :
    [partition à transcrire]