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Page:Rolland - Beethoven, 3.djvu/128

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BEETHOVEN

Le travail de composition de la sonate, qui a été lent et morcelé[1], se rattache, dans les cahiers d’esquisses, à tout un ensemble de travaux qui montrent l’effort de Beethoven vers l’intimité et la simplicité raffinée. Un passage du livre d’esquisses de 1815-1816 parle de « unsere verfeinerte Musik », qui n’a pas la possibilité de se développer dans la barbarie de ces temps (in diesen wüsten Zeiten). Or, ceci se rapporte à des indications pour un opéra (Gütiger Pan), dans lequel « les dissonances ne seraient jamais résolues[2] ». — Et cette note vient immédiatement après une autre sur une symphonie projetée, qui eût prêté à des raffinements inusités[3]. — Remarquons aussi la place considérable, que prennent dans les cahiers de ce temps les fugues et les

    presse se rapportât à la sonate op. 90, qui venait de paraître, en juin 1815.

    Quant à la date de la lettre dédicatoire de Beethoven, — « 23 février 1816 » —, il me paraît d’autant plus vraisemblable qu’elle a été une erreur de plume, que l’édition de la sonate est du même mois de février, en 1817. Comment Beethoven aurait-il pu dédier, au commencement de 1816, une œuvre dont la plus grande partie des esquisses sont postérieures aux esquisses du Liederkreis, daté avec certitude d’avril 1816, et publié en décembre 1816 ?

  1. Mais toujours tenu par le plan intérieurement conçu. La première esquisse conservée indique pour « 2tes Stück. Allegro marcia ».
  2. « Dissonanzen vielleicht in den ganzen Oper nicht aufgelöst oder ganz anders da sich in diesen wüsten Zeiten unsere verfeinerte Musik nicht denken lässt… »
  3. Elle devait débuter, à quatre seuls instruments ; et au fur et à mesure, s’y seraient introduits, l’un après l’autre, les autres instruments. (Sinfonie erster Anfang in bloss 4 Stimmen 2 viol, viola basso dazwischen forte mit andern Stimmen u. wenn möglich jedes andere Instrument nach u. nach eintreten lassen.)