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Page:Rolland - Beethoven, 3.djvu/129

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LE CHANT DE LA RÉSURRECTION

études théoriques en double contrepoint, — les multiples essais pour le lied Sehnsucht, — le grand travail pour arriver à l’expression simple et intime du Liederkreis, — l’annotation au lied Geheimnis : « Innig vorgetragen », — la première conception de Résignation à quatre parties, — une étude prosodique sur un hexamètre d’Homère ; enfin, cette curieuse notation de coloris musical : — « H moll schwarze Tonart. » (Si mineur, tonalité noire.[1]) — Bref, une atmosphère générale de recherches d’expression intime, dans le recueillement, plus que de création passionnée.

Si, d’autre part, nous nous reportons aux événements et aux émotions notés par Beethoven dans son journal (Manuscrit Fischhoff), nous constatons qu’en effet l’op. 101 a bénéficié de la période d’accalmie relative, qui prend fin, en octobre 1816, avec l’agression de la maladie. L’œuvre correspond aux mois où il s’enveloppe des pensées de l’Inde, de la paix des champs et des forêts… « Allmächtiger im Walde ! Ich bin selig, glücklich im Walde…[2] ». L’amour chemine, mystérieusement ; et par instants, il frappe à la porte du souvenir[3] ; mais sa nostalgie n’a encore rien

  1. Cf. cette autre notation fameuse, dans un entretien de 1822 : « Immer maestoso. Des dur : Klopstock ».
  2. Automne 1815.
  3. On le verra, dans le chapitre en appendice à ce volume. C’est à 1 année 1816 que se rapportent les deux noies énigmatiques du journal, au sujet d’une « T. » (Thérèse ?), dont la pensée le préoccupe. — Et c’est l’année du « Liederkreis » « à la bien-aimée lointaine ». L’année où Fanny Giannatasio, en visite chez Beethoven, surprend dans son journal ce soupir : — « Mon cœur déborde, à l’aspect de la belle natureMais elle n’est point là ! … » (septembre 1816).