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Page:Rolland - Beethoven, 3.djvu/130

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BEETHOVEN

d’accablant. L’esprit se sent encore assez jeune et assez vivant. Il refoule les larmes, bravement.

— « Wenn unter der schweren Wimper die schwellende Thräne lauert, widersetze dich mit jesten Muthe ihrem ersten Bemühen hervorzubrechen. »

(« Sous les lourds cils, quand les larmes qui gonflent les paupières se pressent au bord, oppose-toi, avec un ferme courage, à leurs premières tentatives pour s’épancher ! ») (été 1815).

Beethoven n’était pas sans espérer encore un retour du bonheur. Parmi les poésies d’Orient, qu’il recopie dans son journal, avec prédilection, pendant l’été de cette année[1], il en est une : « Trost des Lebens » (Consolation de la vie), qui chante l’éternelle attente du bonheur, qui viendra demain. C’est comme une variation sur le thème du vieux proverbe : — « Après la pluie, le beau temps ![2] ».

Cette atmosphère d’entre pluie et soleil, ce jour changeant,

  1. D’après l’anthologie de Herder : « Blumen aus morgenländischen Dichtern ». — « Trost des Lebens » est numéroté 67, dans la petite collection d’extraits du manuscrit Fischhoff, qu’a publiés Albert Leitzmann.
  2. « Trost des Lebens » (consolation de la vie) :

    « Dans l’adversité, ne désespère pas de voir le jour — qui t’apportera la joie en échange des soucis et le plaisir en place de l’affliction. — Que de fois s’est levé un vent empoisonné, et promptement — c’est le plus doux parfum qui a rempli l’air. — Souvent une noire nuée t’a menacé, et le vent l’a dissipée, —• avant quelle secouât, de son sombre sein, la tempête. — Mainte fumée qui monte n’était point feu. — Sois donc toujours, même dans l’adversité, de bonne humeur !… »