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Page:Rolland - Beethoven, 3.djvu/133

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LE CHANT DE LA RÉSURRECTION

comme dit Heinrich Schenker[1], un entretien secret, au « pouls accéléré » (beschleunigte Puls), dont le balancement harmonieux (U)—U—U—U—|U—U—U—U—| sonne comme un distique mesuré et rimé. Mais la première moitié comprend une montée et une retombée, qui s’accentuent dans la seconde moitié, par un élan plus fort pour remonter, qui doit aussitôt redescendre au point de départ :

[partition à transcrire]

Le langage du cœur est net ; c’est une aspiration douce et tendre, qui par deux fois (et la deuxième fois, plus vivement que la première) s’enfle et expire, dans un « à mi-voix » (p.), qu’effleure à peine un bref et discret < >, correspondant au souffle même de la respiration. C’est une rêverie (Träumerische Empfindung), qui vient de visiter l’esprit. L’esprit se la répète, en un poco ritard., comme si, dans le moment qu’il en prend conscience, il méditait à son sujet (point d’orgue). Après l’avoir conçue, il la reprend avec une intensité accrue. L’aspiration monte cresc. jusqu’au mf (mesures 7 à 9), fléchit, remonte (mes. 10) avec un élan affaibli, puis (de 11 à 16), se replie, non sans retours et sans soupirs (dimin. p. cresc. dimin.), selon le dessin de la seconde

  1. Je suis le texte publié, dans l’édition critique des cinq dernières sonates, par Heinrich Schenker (Universal-Edition), et j’engage tous les musiciens à s’y reporter.