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Page:Rolland - Beethoven, 3.djvu/134

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BEETHOVEN

mesure (l’expiration du premier souffle). Mais on remarquera que, tandis que, dans la première moitié du souffle, la basse descend quand la mélodie monte, dans la deuxième moitié (mesure 2, et surtout 9-11), la basse monte quand la mélodie s’incline. Ainsi s’exprime la dualité de la pensée, la complexité de l’aspiration, qui dans le même temps espère et renonce — ne disons pas : désespère ; il n’y a point place, ici, pour les sentiments excessifs ; tout demeure dans la demi-teinte d’une Sehnsucht, en son sourire et ses soupirs, sans rides au front, sans bouche crispée, toujours vive, fraîche et caressante. Le double mouvement (montée, descente) harmonieusement balancé (16-18), s’essaye par trois fois (18-19, 21, 23), à renouveler son élan, jusqu’à ce qu’il atteigne, comme une flèche (23-24), au faîte de son désir :

[partition à transcrire]

L’espressivo e semplice (25-34), aux tendres syncopes, exprime le bonheur de bavoir touché, le doux halètement de l’âme reconnaissante de sa plénitude d’un instant.

De la mesure 35 à la mesure 49, se déroule ce que, techniquement, on désigne sous le nom de Durchführung (Développement), — ce qui, psychiquement, représente (à mon sens) le travail de l’esprit sur le ressouvenir de l’émotion passée. D’abord, est évoqué, à la basse, pp. le motif princi-