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Page:Rolland - Beethoven, 3.djvu/137

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LE CHANT DE LA RÉSURRECTION

On remarquera que ces étapes successives clu sentiment — (on ne saurait parler de divisions, car la beauté caractéristique de l’œuvre est qu’elle est d’une seule coulée) — correspondent exactement aux divisions purement formelles et techniques qu’établissent, dans l’analyse du morceau, les musicologues de métier, professant le dogme de la « musique absolue », et répudiant les explications psychologiques :

1 - 4 : — Vordersatz. Première idée.
3 - 25 : — Nachsatz. Modulation et deuxième idée.
25 - 34 : — Troisième idée qui conclut. (Schlussgedanke).
35 - 54 : — Durchführung. Développement.
55 - 84 : — Reprise.
85 à la fin : — Coda.

Ils demanderont, comme Heinrich Schenker[1] : — « Pourquoi donc ne pas se satisfaire de ces notations techniques ? Si la musique, par sa propre force, par ses movens propres (et combien simples !) produit de tels effets, en quoi a-t-elle besoin du secours des mots, d’une sorte de Musikdrama ? Est-ce que tous les mots, quand bien même ils exprimeraient le plus d’« infini », ne seront pas toujours plus « finis » que cette expression musicale absolue, absolument illimitée ?[2] ». Je suis d’accord avec eux pour attribuer la première place, dans l’analyse d’une grande œuvre musicale, à la

  1. Et comme le champion de « la musique absolue » (die absolute Musik), Walter Riezler, dans son remarquable livre tout récent sur Beethoven.
  2. « Wäre denn nicht jedes Wort, und drückte es Unendlichstes aus, dock endlicher als dieser durchaus unbegrenzte Ausdruck ? »