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Page:Rolland - Beethoven, 3.djvu/140

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BEETHOVEN

l’œuvre d’un poète. Même, je dirai que l’on possède des moyens plus sûrs de saisir la pensée juste du grand musicien : car celui-ci emploie une langue qui suit plus exactement les contours des plus secrètes émotions, insaisissables au langage parlé. Le poète est, beaucoup plus que le musicien, obligé de suggérer ce que les mots ne peuvent directement exprimer. Le grand musicien écrit les plus intimes suggestions du subconscient. Il n’est que d’apprendre sa langue. Vous les lirez avec précision. La seule difficulté véritable est de dégager — (comme l’a fait magistralement Heinrich Schenker) — la Urlinie, le vrai dessin. Une fois le texte établi, je vous lis l’âme, à livre ouvert.



Le second morceau de la sonate porte la double suscription :


Lebhaft. Marschmässig.
Vivace alla Marcia. »

Du point de vue formel, c’est un thème à quatre temps, en trois périodes, avec trio travaillé en canon. Rudolf von Tobel, dans son livre substantiel : Die Formenwelt der klassischen Instrumentalmusik (1935), y voit une reviviscence du genre des Sérénades, qui employait volontiers la Marche, comme premier et dernier numéro. Mais il est bien évident que l’emploi de la Marche, ici, répond à de tout autres pen-