sées. Dans la Sérénade, elle forme une entrée et une sortie brillantes qui encadrent un groupe de danses. Ici, elle s’intercale, d’une façon musicalement inattendue[1], entre deux rêveries. L’indication donnée par Schindler, d’après ses souvenirs de Beethoven, prend quelque vraisemblance : — « Aufforderung zur Tat » (Invitation à l’action).
Mais cette marche qui « invite à l’action », est d’une essence bien particulière. En premier lieu, elle participe à l’atmosphère de demi-teinte du morceau qui précède. La nuance p. y domine étrangement[2]. On pourrait dire que les curieux sf. p., ou cresc. p. caractérisent la demi-lumière incertaine du morceau, l’oscillation de l’éclairage mal assuré[3].
D’autre part, Schenker, dans son analyse de « l’obscurité thématique » (thematische Dunkel) du début, montre bien,
- ↑ Je veux dire : selon l’usage habituel. Mais la logique musicale s’accommode, sans difficulté, de l’emploi que Beethoven fait, à cette place, d’une Marche, au lieu du Scherzo.
- ↑ Après les deux accords f. sf. du début, viennent un p., un cresc. aboutissant à un fp., un deuxième cresc. aboutissant à un p., un ff. en double croche qui termine la première période, retombant aussitôt en un fp. ; — dans la deuxième période, un cresc. f., un sf. p., un long cresc. s’achevant en dimin., p., pp. : — le seul ff. un peu maintenu ne se produit que vers la 42me mesure, pour céder la place, deux mesures après, à un p. dolce, que réchauffe ensuite un cresc., mais vite suivi d’un fp. — (et, se répétant, d’un sf. p., mes. 50-51).
- ↑ Je ne trouve pas sans clairvoyance le jugement de Marx sur cette Marche : — « mehr geistig als körperlich », — sur « la région sans force spéciale », où se meut ce « Heldenzug » imaginaire, qui n’arrive pas à sortir de la caverne des ombres et des reflets, et, finalement, qui retombe dans « die Dämmerung des Entsagens » (le crépuscule du renoncement).