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Page:Rolland - Beethoven, 3.djvu/146

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BEETHOVEN

de la création de Beethoven : avant de trouver l’inspiration, il trouve l’aura dans laquelle elle va naître, son atmosphère tonale. Ici, il a inscrit, à la fin de ses esquisses de la Marche :

« Hernach in A dur them[1] ».

Mais il n’a encore aucun pressentiment de l’idée qui sera baignée dans ce la mineur. Car, au milieu de la composition du deuxième morceau de la sonate, il note ceci[2] :

[partition à transcrire]

On ne trouve pas l’esquisse de l’adagio, entre celles de la Marche et celles du dernier morceau en style fugué : cela donne à penser que Beethoven n’v est venu qu’après la composition entière de la sonate, et comme à un morceau de passage, dont la réflexion lui a fait sentir la nécessité psychologique et logique entre la Marche et le morceau fugué. C’est en effet ce qu’est l’adagio : non un morceau séparé, complet en soi, mais une introduction au dernier morceau, une transition d’esprit, — mais dont le sens est profond. Et nous devons le dégager. Nous venons d’évoquer le caractère de rêve des deux premiers morceaux : l’allegretto et la Marche. L’adagio, qui vient après, a-t-il pris conscience du caractère illusoire de tout ce jeu auquel l’esprit vient de se livrer, de ce rêve

  1. Nottebohm : Zweite Beethoveniana, p. 342.
  2. Nottebohm : Zweite Beethoveniana, p. 3423.