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Page:Rolland - Beethoven, 3.djvu/147

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LE CHANT DE LA RÉSURRECTION

de tendresse et d’action ? II est, à coup sûr, abandonné à la mélancolie, et, comme Beethoven l’indique lui-même, à la Sehnsucht, qui l’assaille (« Langsam und sehnsuchtsvoll »). Mais toujours, et de plus en plus, il se tient dans l’atmosphère assourdie qui règne sur les trois quarts de la sonate, — « sul una corda », — « ma non troppo »[1] — toujours la peur d’appuyer — rien de trop !…

Le plus remarquable est que la pensée secrète, — l’Ur-Tonwelt (ou la Ton-Urreihe), qui, comme le dit Schenker qui Ta si bien dégagée, « forme l’assise du morceau »,

[partition à transcrire]

décèle une consanguinité mystérieuse avec la première phrase de la sonate :

[partition à transcrire]

Cette première phrase est seulement élargie et assombrie par la tonalité en la mineur. Cette présence de la pensée de naguère dans l’adagio est peut-être inconsciente ou subconsciente ; mais sa réalité est affirmée par sa réapparition textuelle, à la fin de l’adagio. Il est donc incontestable que

  1. « Adagio, ma non troppo, con affetto ».