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Page:Rolland - Beethoven, 3.djvu/149

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LE CHANT DE LA RÉSURRECTION

[partition à transcrire][1]

les fois suivantes, s’accroche obstinément à la crête de son élancée :

Il est remarquable que cette conscience prise par l’esprit cle sa désillusion, de sa défaite, de l’irréalisation de son désir, au lieu de l’accabler le revigore, et, dès la 5me mesure, l’amène à l’expression la plus ferme, la plus virile qui se soit encore fait entendre dans cette rêveuse sonate : une grande marche d’accords solides, sereins et solennels, dans la tonalité d’ut majeur (Mes. 5-8). Le motif de Sehnsucht se reproduit dans cette tonalité, qui lui communique un caractère de contemplation reine de la pensée. Mais l’esprit a beau faire, l’impatience s’en empare, le motif est répété avec trop de hâte et d’insistance ; l’anxiété y rentre, d’abord par les petites appoggiatures à la base, puis par la couleur harmonique assombrie, dont il est, de mesure en mesure, imprégné. L’accent toujours plus douloureux en vient (17-19)

  1. C’est presque textuellement le dessin des sortilèges de Macbeth (cf. p. 96, note 2), immortalisé dans le largo du trio Erdödy, op. 70, no 1.