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Page:Rolland - Beethoven, 3.djvu/155

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LE CHANT DE LA RÉSURRECTION

bien d’une Durchführung, d’un « Développement » traditionnel de sonate qu’il s’agit. Là-dessus, tous ceux qui savent lire la musique sont d’accord. Il n’y a donc pas lieu de faire, comme certains grognons qui chicanent sur leur plaisir, des comparaisons incongrues entre J.-S. Bach et Beethoven. Beethoven est toujours Beethoven, et sa sonate reste fidèle aux lois de la sonate. Voyons seulement le parti qu’il a su tirer de la fugue, pour élargir, sans la modifier dans son essence, la forme du Développement de la sonate.

Tout le thématisme de cette partie (91-200) est emprunté aux motifs principaux de la première partie du morceau (1-4 et 5-6). Et si la marche des modulations s’écarte de la norme stricte de la fugue[1], toutefois, la tonalité principale est, comme dans une vraie fugue, bien établie et maintenue, d’un bout à l’autre ; et cette fugue est solidement architecturée, en trois parties, en sorte qu’elle forme, dans la construction générale, un corps de bâtiment, qui a son achèvement en soi.

Qu’exprime-t-il ? — Rien autre, à mon sens, que le jeu constructeur. Les éléments de la pensée, qui sont repris à la première partie du morceau, elle-même thématiquement apparentée au premier allegretto de la sonate, sont maintenant dépouillés de leur caractère de rêve, ou tendre, ou


    en même temps que l’op. 101, un peu avant, il a écrit ses deux sonates pour piano et violoncelle, op. 102, à la comtesse Erdödy, avec l’allegro fugato de la deuxième — (datée, sur l’autographe, du commencement d’août 1815, et publiée en 1817. L’autographe de la première est daté de la fin de juillet de la même année 1815).

  1. Cf. l’analyse de Schenker.