ce qu’on pourrait dire, la Stimmung d’où a jailli le Liederkreis « à la bien-aimée lointaine », et en affirme le caractère personnel.
La tendre jalousie de l’humble amoureuse dédaignée, Fanny Giannatasio del Rio, ne s’v trompe pas, quand elle entend le lied pour la première fois[1] :
— « Le nouveau lied : « An die entfernte Geliebte » m’a arraché des larmes. Le cœur a écrit cela ! Ah ! que cette femme (dies Wesen) doit être intéressante ! Peut-être cependant l’imagination de Beethoven lui prête-t-elle tant d’intérêt ?… Non, non, il l’a bien dit, jamais il ne s’est trouvé plus en harmonie ! Et celle qui, si entièrement, de son être tout entier, s’harmonise avec lui, celle qui le comprend, doit
- ↑ Cette première fois est le 12 décembre 1816. Bien que Beethoven vienne constamment chez les Giannatasio, pendant le premier semestre de 1816, et particulièrement en mars et avril, où il écrivait son Liederkreis, il ne leur en a pas dit un mot, il n’en parle à quiconque. Même en ses jours d’intimité où il semble se confier, et où les deux jeunes filles, Nanni et Fanny, lui chantent et lui jouent « seine neue Komposition : Die Hoffnung, aus Tiedges Urania, mit dem Rezitativ » (11 avril), il tient secret son Liederkreis, composé ces mêmes jours. Il ne se décidera à en parler qu’après la publication, en décembre. (Le 11 janvier, et le 19 janvier 1817, où il accompagne au piano son Liederkreis, que chante Nanni.)
déchirants, en 1815 et 1816, et que le renoncement ou le désabusement vint en 1817, l’année de la grande solitude et de la « Résignation », d’où l’âme ressuscite pour une nouvelle vie. — Le Liederkreis marque, en somme, l’apogée et le terme de la passion. (Voir dans le journal de Fanny del Rio, à la date du 15 juin 1817, les pensées désabusées de Beethoven sur l’amour et le mariage.)
On trouvera, dans l’appendice à ce volume, le résumé des recherches, à l’heure présente, sur la lettre à l’Unsterbliche Geliebte, et les confidences incomplètes du manuscrit Fischhoff.
