en mots l’appui nécessaire pour exprimer beaucoup mieux qu’eux ce qu’il avait à dire au monde — et surtout à soimême, — ses « Grundwahrheiten », comme l’écrit Schindler, ses vérités fondamentales. Il ne le peut pas, avec des poètes de la taille de Schiller et de Klopstock, qui, eux aussi, ont leurs « Grundwahrheiten » à dire ; et quand ils les disent, on n’entend qu’eux : « ils débutent déjà de beaucoup trop haut » [1].
On trouvera, dans la thèse de Boettcher, une étude consciencieuse de la manière dont Beethoven en use, sans gêne et sans égards, avec les textes qu’il emploie. — Il commence par y faire son choix, prenant d’un poème telle ou telle strophe et supprimant le reste[2], — combinant même deux poésies ensemble[3]. Il altère les textes, ajoute, coupe, ou change des mots[4]. Il y introduit son moi envahissant, par des « ja ! » énergiques, qui se soucient peu de la métrique[5].
Ajoutez la quantité de textes pris par lui, qu’il ne serait jamais venu à l’idée d’autres musiciens de choisir : — des
- ↑ « … Weil sie schon zu weit von oben herunter anfangen… »
- ↑ Urania, op. 32 ; An die Hoffnung, op. 94 ; — Zärtliche Liebe ; — les Odes de Gellert.
- ↑ Seufzer eines Ungeliebten.
- ↑ Dans le poème anacréontique de Gleim : Flüchtigkeit der Zeit, il remplace : « Ich will mich vergnügen, so lang ich noch bin », par : « Drum will ich nützen… » — Dans la poésie de Herder : Die laute Klage, il change : « Ach die harlverteilende Liebe sie gab dir, die laute Jammerklage, mir den verstummenden Gram » en : « mir den verstummenden Sinn », qui semble faire allusion à sa surdité.
- ↑ On en trouvera de très nombreux exemples cités dans la thèse de Boettcher, pp. 52-53.