pages, son propre lied, son « parler bas » qui sourd du plus secret du cœur, son lyrisme désincarné, que nul n’a jamais pu imiter : — le Liederkreis et Résignation[1].
e Liederkreis est né de la rencontre imprévisible, entre
Beethoven, alors tourmenté d’une passion qu’il taisait,
et l’inspiration poétique d’un jeune étudiant de
Briinn, qui, à défaut d’autres mérites, eut celui de toucher
fraternellement un cœur blessé.
Où Beethoven avait-il lu le poème ? Est-ce un hasard, ou l’auteur le lui avait-il envoyé ? On ne le sait ; mais on sait que Beethoven en fut pénétré, et qu’il remercia le jeune homme avec effusion, pour son « heureuse inspiration » (glückliche Eingebung)… — Pour une fois, son estime était justifiée. Le jeune poète, Aloïs Isidor Jeitteles,
- ↑ Peut-être aussi l’Abendlied.
Il faudrait pouvoir étudier — (et je réserve cette étude, pour un autre volume, consacré à la période intermédiaire, de 1805 à 1815) — l’élaboration do ce style intime, mezza voce, qui s’est poursuivi longtemps, parallèlement au style de plein air et de grands espaces. Il y aurait à examiner les adagios de quatuors antérieurs à l’op. 95 de 1810, et les sonates. Le style du Chant Élégiaque demanderait une étude particulière. On doit remarquer que les esquisses de cette sublime Oraison, parallèles à celles de la sonate op. 90, se trouvent dans le livre d’esquisses de 1814, en pleine période de bruyantes et frivoles cantates de circonstance (Glorreiche Augenblick, etc.), ainsi que de la reprise de Léonore.