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Page:Rolland - Beethoven, 3.djvu/192

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BEETHOVEN

Par chance, nous possédons presque au complet les premières esquisses du Liederkreis, dans un des Cahiers d’esquisses les plus riches et les plus révélateurs de la création beethovenienne, — celui des années 1815 et 1816[1] : — car il contient aussi les esquisses de la sonate pour piano, op. 101, entre lesquelles le Liederkreis est né, quelques travaux pour la sonate de violoncelle op. 102 no 2, le thème du second morceau de la Neuvième (qui, paradoxalement, fait son apparition sous forme de fugue lente), et des indications extrêmement curieuses sur des projets de symphonie et d’opéra, auxquels nous avons fait allusion dans un chapitre précédent[2].

Notons d’abord que le titre de Liederkreis n’est pas de Beethoven. Il n’apparaîtra qu’en sous-titre, dans la première édition de Steiner, à Vienne. Mais le manuscrit porte seulement :

« An die entfernte Geliebte, 6 Lieder von Jeitteles, in Musik gesetzt von L. v. B.[3] ».

Il est peu probable que Beethoven, en le concevant, ait envisagé, à la façon des compositeurs qui l’ont suivi, un cycle de lieder enchaînés, comme des moments successifs d’un poème lyrique. Il l’a conçu, avec son habituel besoin d’unité, comme un seul lied, à épisodes variés, mais fortement charpenté et solidement bouclé dans un cadre bien fermé, dont

  1. Nottebohm : Zweite Beethoveniana, p. 321 et suiv.
  2. Chapitre III, p. 112.
  3. J’engage à consulter l’excellente petite édition du Liederkreis, avec notes, par Max Friedlænder, publiée par Insel-Verlag.