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Page:Rolland - Beethoven, 3.djvu/194

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BEETHOVEN

est subordonnée au rythme de l’émotion musicale :

U — U U U U — U

Friedlaender note de plus, au cours du Liederkreis, le travail de sonate, le coloris et les effets d’orchestre.

L’ensemble forme une libre méditation musicale, construite selon ses lois propres sur un poème qui l’a évoquée, mais qu’elle absorbe.

Quel est le thème de cette méditation ?

Un homme est assis sur une colline, c’est une fin d’après-midi… Et, dès les premiers mots

« Auf dem Hiigel sitz’ich… »

Beethoven a dû se sentir transporté en un des lieux favoris de ses rêves, une de ses haltes de promenades autour de Mödling…

« auf dem Wege Abends zwischen den und auf den Bergen[1] »

Il est assis, et ses yeux baignent dans le bleu pays des nuages (in das blaue Nebelland), son regard se tend vers les prairies lointaines, et il y retrouve l’image de la bien-aimée… Qu’il en est loin, — loin de son amour, loin de sa joie, de sa paix et de son tourment ! Monts et vallées les séparent… Ah ! s’il ne peut pas l’atteindre, ses chants du moins effaceront espace et temps…

  1. Écrit par Beethoven dans des cahiers d’esquisses de 1818, tandis qu’il composait l’op. 112.