Aller au contenu

Page:Rolland - Beethoven, 3.djvu/208

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
198
BEETHOVEN

lieder à la bien-aimée. Le don du cœur s’épanche largement, dans la mélodie du clavier d’abord, que la voix reprend ensuite, qui se colore, au milieu, d’une sorte d’Alpenglühn romantique, évoqué par les paroles : « Wenn das Dämmrungsrot… », dernières vibrations du jour qui s’éteint. S’éteint avec lui la douceur de l’idylle, dans une ombre élégiaque. La belle mélodie d’offrande, sur la phrase répétée : « Nur der Sehnsucht sich bewusst… » semble tendre les bras aux cieux, dans un appel passionné, mais intime et sans cri, s’achevant en une tenue de la voix sur un arpège p. du clavier. — Et seulement ici, rèntre la large et lente mélodie du début :

[partition à transcrire]

Mais elle ne garde pas longtemps son calme du début. Elle vogue sur un accompagnement fiévreux, qui palpite et l’entraîne à son rythme stringendo — nach und nach geschwinder, jusqu’à une agitation passionnée (allegro molto e con brio). Ce mouvement précipité, qui s’entrecoupe de p. et de cresc., par deux fois reprend haleine sur des points d’orgue[1], et s’achève en une furie d’assaut triomphal. — Mais l’esprit n’est point dupe de cette victoire, qu’il clame. Le postlude instrumental passe, de deux sf. et d’une montée impétueuse, à un brusque dimin. suivi d’un p.,

  1. Sur les mots : « Was geschieden uns so weit », et : « ein liebend Herz geweiht ».