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Page:Rolland - Beethoven, 3.djvu/218

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BEETHOVEN

aux soins des Giannatasio, qui lui étaient dévoués, li voudrait l’avoir, le couver, jour et nuit…[1]

Comment remplir le vide de cette année ?



Le seul fruit apparent de l’arbre sec et brûlé est, en cette année, un pauvre lied de deux pages à peine, — cinquante mesures, dont les dernières répètent le commencement ; — et il a nom : Résignation.

— « Éteins-toi, ma lumière ! Ce qui te manque, est parti, tu ne le retrouveras pas ici ! Tu dois maintenant te détacher. Jadis, tu t’es joyeusement consumée. À présent, l’air t’est ravi. S’il souffle au loin, la flamme s’égare, elle cherche, cherche, et ne trouve pas… Éteins-toi, ma lumière !… »

Cette plainte étouffée toucha, dans Beethoven, au point blessé. Il fit envoyer ses remerciements au poète[2], pour une « si heureuse inspiration »[3] (Triste « bonheur » !…)

Le lied a été publié, pour la première fois, comme supplément musical à la Wiener Zeitschrift für Kunst du 31 mars 1818, puis en un cahier de quatre lieder, d’époques diverses[4], avec l’« Abendlied unter’m gestirnten Himmel », « Das

  1. Manuscrit Fischhoff, no 147.
  2. Paul Graf v. Haugwitz.
  3. « So glücklicher Inspiration. »
  4. Das Geheimniss a été écrit en 1815, et dédié à Fanny del Rio. So oder so est de 1817. — L’Abendlied, de 1820.