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Page:Rolland - Beethoven, 3.djvu/223

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LE CHANT DE LA RÉSURRECTION

toutes dernières mesures du chant (nach und nach etwas langsamer). Tout le reste du chemin, il marche droit. La demi-teinte (p. — cresc. — p.), où se déroule le monologue, ne laisse passage à des f. que sur les mots du destin, que la virile volonté de Beethoven s’est habituée à faire siens : « Du musst… » (Tu dois)[1]. À part la sorte de parenthèse, ouverte par une batterie d’accords f. ff. sf. sf. à l’accompagnement, et fermée par un point d’orgue répété, où s’exprime l’idée de la lutte et de son inutilité, en des phrases dont l’inflexion, si purement beethoveniennc, rappelle un peu celle de Wonne der Wehmut[2] : dans tout le reste de son cours, le lied garde une objectivité classique, dont le caractère — non certes pas impersonnel, mais, on pourrait dire, multipersonnel, universel — était marqué, dès l’origine, par la volonté de le traiter à quatre voix[3].

  1. Contemporaine de ce : « Du musst » est la fameuse apostrophe au Destin : — « Zeige deine Gewalt, Schicksal ! Wir sind nicht Herren über uns selbst. Was beschlossen ist, muss sein, und so sei es denn ! »

    (Montre ta force, Destin ! Nous ne sommes pas les maîtres sur nous-mêmes. Ce qui est décidé, doit être ; et qu’il soit donc !) — (Manuscrit Fischhoff, 1816, no 86).

  2. Cf. Wonne der Wehmut :
    [partition à transcrire]
  3. Cahier d’esquisses de 1816 (Nottebohm, II, p. 552).

    Cette tendance est le prolongement de la veine créatrice, d’où sont issus Meeresstille, « für vier Singstimmen, mit Begleituug des Orches-