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Page:Rolland - Beethoven, 3.djvu/23

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LE CHANT DE LA RÉSURRECTION

lution générale de l’esprit humain, produit et facteur de la société.

Tout récemment, de remarquables études sur la sensibilité Révolutionnaire montraient que les caractères distinctifs de l’esprit Révolutionnaire avaient tous été antérieurs et de beaucoup, à la Révolution ; et l’on en tirait cette conclusion erronée que les plus puissants événements de l’histoire n’agissent jamais sur l’esprit de l’art et sur ses formes[1]. On ne voit pas la conclusion tout opposée qu’un examen plus attentif doit en tirer. C’est à savoir que ces mouvements de la sensibilité d’un temps sont les précurseurs des grands événements de l’histoire, qui font passer dans le champ de

  1. En fait, cette action s’exerce, avec une intensité variable, mais toujours frappante, — non pas pendant, mais après ces grands bouleversements. Il tombe sous le sens qu’une révolution politique et sociale étant une crise de tragique enfantement, toutes les forces du moment sont absorbées par la nécessité de sauver l’enfant. Les soucis d’art viendront après. L’enfant doit vivre, d’abord, doit se nourrir, doit se faire homme. Lorsqu’enfin homme il sera, on verra ce que la Révolution aura appoitc de nouveau à sa substance. Si ceux qui engendrent l’homme nouveau ne sont pas eux-mêmes des hommes nouveaux, s’ils sont constitués encore des éléments du passé, les hommes qui sortiront d’eux seront, dans leur esprit et dans leur art, imprégnés de la Révolution, — même s’ils participent historiquement à une époque de réaction. Telle génération romantique d’après 1820 pourra bien avoir, socialement, partie liée avec le trône et avec l’autel, — (ce ne sera, d’ailleurs, qu’un jeu d’intérêt, et quand l’intérêt tourne, elle tourne avec lui) — elle est, artistiquement, Révolutionnaire. La Restauration engrange la moisson qui a levé des sillons creusés par la rude soc de la Révolution.

    Ajoutons d’ailleurs, que la moisson — que l’art nouveau — s’annonce toujours par de puissants précurseurs, comme Chateaubriand et Beethoven.

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