Aller au contenu

Page:Rolland - Beethoven, 3.djvu/235

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
225
LE CHANT DE LA RÉSURRECTION

à l’archiduc) du premier printemps, où cependant il émerge à grand’peine de nouvelles crises de maladie, l’espérance point : elle s’exprime dans le thème : Hoffnung, qu’il écrit alors, « in doloribus », pour l’archiduc. Il attend le miracle des champs aimés, de cette campagne de Brühl et de Mödling[1], où deux mois à l’avance sa pensée vole.

Et en effet, à peine a-t-il touché la terre promise[2] que

    avant le 5 mars 1818 (cf. lettre de Beethoven à Ries) ; mais il est difficile de rapporter ses impressions notées aux premières visites — sauf en ce qui concerne la politique, l’admiration du système parlementaire anglais, et les invectives contre le gouvernement autrichien. La plupart des notes se rattachent aux visites ultérieures, faites à Mödling, pendant que Beethoven composait la sonate op. 106.

  1. Beethoven a passé à Mödling les trois féconds étés de 1818, 1819 et 1820 (à partir du mois de mai). — Brühl est l’élargissement de la vallée du ruisseau de Môdling. Un vieux château très pittoresque domine le paysage. Il s’y trouvait un Gasthaus, fréquenté, à l’enseigne des « Deux Corbeaux » (Zwei Raben). — Gaden était un village insignifiant, plus loin dans la montagne. Dès 1815, Beethoven rêvait d’y vivre.

    « … Ici, ma misérable ouïe ne m’afflige point. C’est comme si, dans la campagne, chaque arbre me disait : « Saint, saint !… » Ravissement de la forêt ! Qui peut exprimer tout cela ! Si tout me manque, il me reste la campagne, même en hiver, comme Gaden, Brühl d’en bas (untere Brühl), etc. Il est facile de louer chez un paysan une habitation, à bon marché. Doux silence de la forêt !… » (Manuscrit Fischhoff).

    Dans le cahier de conversations de 1819, il parle d’acheter une maison, à Mödling. Il y écrivit l’op. 106, la Missa Solemnis, et une partie de la Neuvième Symphonie. Le peintre Klœber l’y portraitura, dans le Hafnerhaus. Il y reçut son excellent piano anglais, qui lui fit tant de joie et dut stimuler sa composition.

    Mödling a complètement changé, depuis l’époque de Beethoven. Mais le Hafnerhaus existe encore, ainsi que les autres maisons où il a habité (cf. Theodor Frimmel).

  2. Départ pour Mödling, le 18 mai 1818.