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Page:Rolland - Beethoven, 3.djvu/238

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BEETHOVEN

Ces faits me donnent la certitude que Beethoven couvait une grande œuvre religieuse, avant que l’occasion lui fût offerte de la réaliser, par la nouvelle de l’intronisation de son archiduc dans le siège archiépiscopal d’Olmütz[1]. Beethoven est, depuis le printemps de 1818, baigné d’inspirations et d’effusions religieuses. Toutefois, ce n’est pas sous la forme d’une Messe que ces inspirations s’expriment encore : c’est — (la feuille d’esquisses, de la deuxième moitié de 1818, citée par Nottebohm[2], nous en est la preuve péremptoire) — sous la forme d’une symphonie religieuse, avec chants :

« Adagio Cantique. — Frommer Gesang in einer Sinfonie in den alten Tonarten. — Herr Gott dich loben wir — alleluya… »


    Uebersetzungen nebst vollkommener Prosodie aller christkatholischen Psalmen und Gesänge überhaupt. » (Manuscrit Fischhoff, no 177 de l’édit. A. Leitzmann).

    La date de ce fragment est indiquée, par sa place dans le journal, presque immédiatement après la note d’arrivée et d’installation a Môdling (19 mai-8 juin 1818). — Beethoven a donc été, dès les premiers jours à Mödling, pris par la pensée d’écrire une grande « vraie musique d’église ». On le sent plein de la présence divine… — « O Gott über alles ! » dit le fragment suivant (no 178). — Et ceux qui viennent après, confirment la même hantise, le don de soi à ce qui ne passe point, « nur auf deine unwandelbare Güte, o Gott, mein einziges Vertrauen setzen » (no 180).

  1. Il est difficile de préciser la date exacte, où la nouvelle en parvint à Beethoven : car on en parlait, bien avant la nomination officielle, qui eut lieu le 4 juin 1819. Mais Schindler, qui nous dit que Beethoven entreprit aussitôt d’écrire une Messe, ajoute qu il la lui a vu commencer, dans l’arrière-saison (Spätherbst) de 1818, après 1 achèvement de la sonate op. 106.
  2. Zweite Beethoveniana, p. 163.