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Page:Rolland - Beethoven, 3.djvu/245

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LE CHANT DE LA RÉSURRECTION

de motifs qui se heurtent, au début du dernier morceau, avant que jaillisse le divin thème de la Joie, — une suite de mots explicatifs, qui illuminent pour nous le sens précis de ces fragments. Immédiatement après la ruée, dans un fracas désordonné, des premières mesures et du trémolo qui évoquent l’atmosphère du premier morceau, Beethoven écrivait :

[partition à transcrire]

— « Nein dieses würde uns erinnern an unsern Verzweifl[ungs] voll[en] Zu[stand] »[1].

(Non ! cela nous reporterait, en souvenir, à notre état de désespoir !)

Nous devons, nous, nous y reporter, pour bien ressentir l’atmosphère de « plein désespoir », d’où est sorti en 1817 le premier morceau de la Neuvième Symphonie, et ce qu’il signifiait alors pour Beethoven. Il me paraît bien clair qu’il ne pouvait être alors question pour lui, en écrivant ce sombre Allegro, de terminer l’œuvre par une Ode à la Joie. La première apparition de celle-ci n’aura lieu que pendant l’été ou l’automne de 1822, après que la Messe et les trois dernières sonates pour piano seront finies[2]. Et jusqu’en juin

  1. Cf. Nottebohm, II, pp. 189-191, et Otto Baensch, op. cit., p. 83. Kalischer lit : « Nein, diese Wildnis erinnere und unsere Verzweiflung, Verzweifl… » — Et Ludwig Nohl : au lieu de « Wildnis » (désert), « Wirrnis » (confusion, chaos), qui est beaucoup plus vraisemblable.
  2. Cf. Nottebohm, II, p. 165.