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Page:Rolland - Beethoven, 3.djvu/248

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BEETHOVEN

conscience, seulement au fur et à mesure qu’elle s’exprime à travers lui, le portera jusqu’à la fin de l’année 1818, jusqu’à l’achèvement de la sonate, sans qu’il s’en soit bien rendu compte. On le voit écrire à l’archiduc[1], avec une sorte de stupeur, qu’« aux deux morceaux qu’il avait composés pour l’anniversaire de l’archiduc, sont venus s’ajouter encore deux autres, dont le dernier est un grand Fugato, — si bien que cela fait une grande Sonate ![2] »

Je ne crois donc point me tromper, en affirmant que c’est dans ce combat extraordinaire de la Sonate op. 106, livré par le génie de Beethoven, par tout son être — (forces obscures et, à leur suite, raison puissante, et volonté qui les maîtrise et les organise) — qu’est gagnée, en janvier 1819 la première, l’éclatante victoire, qui lui rendra la pleine confiance dans sa force et lui donnera l’audace joyeuse du corps-à-corps avec la Messe et la Neuvième, — les deux Titans.

Janvier 1819 : date décisive : — La sonate est achevée. La Messe commence.

  1. Janvier 1819 (?). Cf. Kalischer : t. IV, p. 3, no 761.
  2. « Zu den Stücken von meiner Handchrift an I. K. H. Namenstag geschrieben, sind noch 2 andre gekommen, wovon das letztere ein grosses Fugato, so dass eine grosse Sonate ausmacht… »