a sonate a été le précurseur de la Messe, et elle l’annonce,
par endroits. Nous relèverons[1], dans l’Adagio (mesures
14 et 15, 22 et 23), le premier dessin du Benedictus.
Et l’admirable épisode en ré majeur, au milieu du fugato
final (mesures 250 et suiv.), s’apparente au « Dona pacem »
et au « Gratias agimus ».
Encore ici, le subconscient de Beethoven devance sa volonté éclairée. Il se trouve, pourrait-on dire, dans l’état de grâce pour écrire la Messe, des mois avant que son intelligence y ait songé.
Mais à peine est-il pris par la conscience de cette pensée, elle l’envahit. Elle élimine toutes les autres pensées, elle refoule les deux symphonies projetées, — la Neuvième, déjà vigoureusement amorcée, — et l’autre — celle qui ne sera jamais écrite — celle qui devait marier, comme Faust en ses deux Nuits de Walpurgis, les Alleluya chrétiens aux mythes grecs, un « Cantique Ecclésiastique » avec une « Fête de Bacchus » [2]. — Elle submerge même, en quelques semaines, le plan premier que Beethoven avait dessiné de la Messe, pour l intronisation de son archiduc. Le premier morceau, le Kyrie, prend aussitôt de si vastes dimensions que tout l’ensemble de l’architecture doit être conçu sur un autre plan élargi ; et il n’est guère possible de songer à l’utilisation