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Page:Rolland - Beethoven, 3.djvu/25

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LE CHANT DE LA RÉSURRECTION

mier thème, second thème, « Durchführung ou développement, reprise et fin) — se sont bornés à la charpente : leur mécanisme suffisait à les réjouir, comme un jouet. Ce n’a été que peu à peu qu’une deuxième génération d’artistes en reconnut la profonde logique et la dialectique intérieure. Or, il s’est trouvé que chez aucun musicien, cette dialectique ne fut aussi adéquate au tempérament propre de l’artiste que chez Beethoven. Il réalisa la perfection classique de cette forme d’art et de pensée : car le dualisme de ces principes, leur antagonisme fécond et leur synthèse, c’est la nature même de Beethoven. Leur compréhension nous aide donc à pénétrer l’âme et l’art de Beethoven[1]. Et c’est aussi là une étude nécessaire des lois du subconscient.

Nous nous gardons d’attribuer une valeur absolue à ces lois de la pensée et de l’expression Beethoveniennes. Elles sont, ainsi que toutes les lois humaines, relatives à un moment historique de l’évolution de l’esprit. Leur réalisation marque une étape. L’esprit et l’art poursuivent ensuite leur chemin. Mais aucune forme esthétique n’est une construction arbitraire du libre esprit, — où elle serait morte, à peine née. Elle obéit aux lois, conscientes ou subconscientes, — d’autant plus irrésistibles peut-être qu’elles sont subconscientes — du développement éternel de l’esprit. Notre vie individuelle est trop exiguë, pour que nous ayons le temps de remarquer ce mouvement incessant, cette naissance et

  1. Cf. Arnold Schmitz : Beethovens zwei Prinzipe. Ihre Bedeutung für Themen- und Satzbau, Berlin u. Bonn, 1923 ; et Paul Mies : Die Bedeutung der Skizzen Beethovens zur Erkenntnis seines Stiles, Breitkopf u. Härtel, 1925.