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Page:Rolland - Beethoven, 3.djvu/320

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BEETHOVEN

L’étonnant, c’est que l’artisan de cette rencontre ait été, pour lui comme pour Mozart, le même apôtre de J. S. Bach : le baron van Swieten[1]. À vrai dire, Beethoven ne l’avait

    Sainte-Foix a montré quelle transformation inattendue et radicale a produite dans le style de Mozart la soudaine découverte de J.-S. Bach. Ce fut, selon son mot, une véritable « révolution ».

  1. Le baron Gottfried van Swieten, de Leyde, fixé à Vienne, où son père avait été médecin fameux de l’impératrice Marie-Thérèse. Il était conseiller intime et bibliothécaire de l’empereur. M. Adolphe Boschot, dans son Mozart, fait des réserves sur l’importance de la collection Van Swieten d’œuvres de J.-S. Bach. Il est certain qu’elle était loin de comprendre e toutes les œuvres de J.-S. Bach », comme le disait Mozart, dans l’impétueuse joie de la découverte. — Les éditions gravées de J.-S. Bach étaient en nombre limité, jusqu’à la fin du xviiie siècle. Georg Kinsky, qui en a fait le relevé (Die Originalausgaben der Werke Johann-Sébastian Bachs, 1937), compte neuf à dix œuvres seulement, publiées du vivant de Jean-Sébastien, — (les premières, publiées par lui, après sa quarantième année) ; — la seule Cantate : Gott ist mein König (1708) ; les quatre parties de la Klavier-Uebung (1726-1742) ; 6 Orgelchoräle (qui sont des arrangements de Choralarien des Cantates) ; le Musikalische Opfer (1747) ; la Kunst der Fuge, qu’il achevait de dicter, quand il mourut (1750) ; et quelques morceaux de circonstance. Après sa mort, la seule œuvre d’importance avait été les Choralgesänge à quatre voix, publiés d’abord incomplètement, en 1765-87 par C. Philip Emmanuel Bach. En dehors de cet unique ouvrage de son abondante succession musicale, mal défendue par ses fds et dédaignée par le grand public. Georg Kinsky ne trouve à noter, entre 1760 et 1800, que des morceaux détachés, faisant partie d’anthologies ou d’histoires de la musique : dans le nombre, quatre ou cinq morceaux du Clavecin bien tempéré, publiés pour la première fois, en 1773, par Kirnberger, dans Die wahren Grundsätze zum Gebrauch der Harmonie, — en 1782, par J.-Fr. Reichardt, dans son Musikalisches Kunstmagazin, — et en 1799, par A.-F.-C. Kollmann, à Londres, dans son Essay on practical musical Composition. — Mais ce tableau des œuvres éditées ne représente que très imparfaitement l’ensemble des œuvres de J.-S. Bach, qui étaient réellement