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Page:Rolland - Beethoven, 3.djvu/321

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LE CHANT DE LA RÉSURRECTION

pas attendu pour connaître et jouer le Clavecin bien tempéré. Nikolas Simrock dit qu’il en avait fait présent à Beethoven, âgé de neuf ans[1] ; et son maître Neefe le lui faisait étudier[2]. Beethoven avait donc, en fait, « rencontré » J. S. Bach, avant Mozart. Mais il est à croire que cette rencontre d’enfance n’avait pas beaucoup marqué. Les grandes œuvres, prématurément offertes aux écoliers, risquent de rester, pour eux, scolastiques[3]. Il faudra plus tard les redécouvrir.

    lues alors : car, en ce temps, la musique allemande se répandait en grande partie par des copies ; et beaucoup de mélomanes possédaient ou se communiquaient des manuscrits de J.-S. Bach. C’est ainsi, comme on le verra par la note suivante, que Beethoven eut connaissance, dès son enfance, des Préludes et Fugues pour clavier de J.-S. Bach.

  1. Lettre de Simrock à Gottfried Weber, le 23 mars 1828, publiée par Altmann, Sammelb. der Intern. Musikgesellschaft, 1909, p. 494. — Il s’agissait d’une copie, et non d’une édition. — Simrock ne fit paraître qu’en 1801 son édition du Clavecin bien tempéré ; et ce n’est pas à son édition, mais à celle de Nägeli, parue à peu près en même temps, qu’appartenait l’exemplaire personnel de Beethoven, qui de Schindler passa plus tard à la Bibliothèque d’État de Berlin.
  2. Cf. J.-G. Prod’homme : La Jeunesse de Beethoven, pp. 60 et 75. — Neefe lui-même, dans une notice publiée en 1783 par le Magazin der Musik de Cramer, dit que « Louis van Beethoven,… jeune garçon de onze ans (en réalité, de treize) joue couramment le « Clavecin bien tempéré », ouvrage auquel M. Neefe l’a initié. »
  3. Il faut ajouter que ce caractère scolastique était encore accentué, chez J.-S. Bach, par ses doctes appréciateurs d’alors, les Kirnberger, les Marpurg, les Gerber. J.-S. Bach lui-même y avait contribué, en s’attachant à publier, de préférence, ses œuvres de métier les plus difficiles et faites surtout pour une élite professionnelle. Entre son Musikalische Opfer et sa Kunst der Fuge, il publiait un morceau de concours, pour son entrée dans la Société des Sciences Musicales, en 1747 ; et il est bien frappant que son portrait fameux de la Thomasschule ait été fait pour cette cérémonie.