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Page:Rolland - Beethoven, 3.djvu/324

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BEETHOVEN

Je désire voir bientôt ce projet en pleine exécution, et j’espère pouvoir y contribuer, aussitôt que nous entendrons annoncée la paix d’or… »[1].

Son culte pour Bach se manifeste dans l’empressement touchant avec lequel il court à l’aide du dernier des vingt-quatre enfants de Jean-Sébastien, — une fillette, tombée dans la misère. Indigné du faible secours venu d’Allemagne, à l’appel de Friedrich Rochlitz en mai 1800, il écrit, le 22 avril 1801, aux éditeurs Breitkopf und Härtel, de Leipzig :

« (Que pourrais-je faire pour elle ?) Que penseriez-vous de cette idée : si je publiais, à son bénéfice, quelque chose par souscription ?… Écrivez-moi vite comment ce serait possible, afin qu’on jasse quelque chose avant que cette Bach meure, avant que ce ruisseau (Bach) soit desséché et que nous ne puissions plus boire de son eau ?… » [2].

  1. « … Dass Sie Sébastian Bach’s Werke herausgeben wollen ist etwas, was meinem Herzen, das ganz für die hohe grosse Kunst dieses Urvaters der Harmonie schlägt, recht wohl tut und ich bald in vollem Laufe zu sehen wünsche, ich hoffe von hier aus, sobald wir den goldenen Frieden verkündigt werden hören, selbst manches dazu beizutragen, sobald Sie darauf pränumeration nehmen… » (lettres, éd. Kalischer, t. I, p. 58, no 40).
  2. « … ehe uns diese Bach stirbt, ehe dieser Bach austrocknet und wir ihn nicht mehr tränken hönnen… » (Kalischer, I, p. 66, no 43, à Breitkopf).

    Ce projet fut exécuté, bien que d’une façon un peu différente. Par l’Intelligenzblatt de juin 1801, nous apprenons que « Beethoven publiera chez Breitkopf une de ses nouvelles œuvres, au bénéfice exclusif de la fille de Bach, afin que la bonne vieille en puisse retirer quelque profit, de temps en temps. » — Ce fut sans doute le quintette à cordes, op. 29.