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Page:Rolland - Beethoven, 3.djvu/333

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LE CHANT DE LA RÉSURRECTION

La fugue finale de l’op. 106 n’est donc pas — (on s’en doutait !) — scolastique, « à l’imitation de… », — un de ces chefs-d’œuvre de corporations, qui assurent à l’ouvrier le titre de maîtrise. C’est l’instrument (ou la méthode) choisis par la pensée Beethovenienne, pour élever, sur la vaste construction de sa sonate, la coupole qui la couronne. Et cette pensée entend ne rien renoncer de soi. Comme il le dit à Karl Holz :

— « Faire une fugue n’est rien, en soi (ce n’est pas de l’art) ; j’en ai fait des douzaines, dans mon temps d’étudiant. Mais l’imagination veut aussi maintenir ses droits ; et de nos jours, en l’antique forme, un autre esprit, vraiment poétique, doit entrer »[1].

En vérité, Jean-Sébastien n’avait pas attendu Beethoven[2], pour « faire entrer dans ses fugues un élément poétique » ; et il ne faut pas prendre à la lettre un propos de Beethoven, plus ou moins exactement rapporté. Mais l’essentiel de cette déclaration est que Beethoven y revendique son droit d’msérer sa fantaisie dans la forme de la fugue. Et celle-ci ne sera donc pas sans « licences ».


    befestigt sein, und soll Gestalt gewinnen, klar gefasste, geschliffene Gestalt, über das blühende Leben hinaus. Beethoven schreibt nicht Fugen um der Fuge willen. Er schreibt sie um zu binden und zu überwinden. So kommt der Schwerpunkt an das Ende. » (W. Engelsmann, op. cit., p. 199).

  1. « Eine Fuge zu machen ist keine Kunst, ich habe deren zu Dutzenden in meiner Studienzeit gemacht. Aber die Phantasie will auch ihr Recht behaupten, und heut zu Tage muss in die althergebrachte Form ein anderes, ein wirklich poetisches Elément kommen. »
  2. August Halm : Beethoven, 1927.