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Page:Rolland - Beethoven, 3.djvu/335

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LE CHANT DE LA RÉSURRECTION

— Et au contraire, Beethoven, (ainsi que Mozart, Haydn, et tous les maîtres du style nouveau, libéré, après la mort de Jean-Sébastien), partent d’un principe différent, qui leur est une forme naturelle de l’esprit. Naturellement, leur pensée se déroule selon une ordonnance périodique et ponctuée de césures régulières, qui est essentiellement celle de la forme Sonate, et que l’on pourrait appeler le rythme d’un nouvel âge de l’humanité. Et même quand la puissante volonté de Beethoven élit, étreint et maîtrise la forme de la fugue, avec une science presque diabolique[1], c’est l’esprit de la sonate qui entre dans la fugue et la féconde, mais non sans violence. August Halm n’a point de peine à relever les irrégularités et les licences, qui mériteraient condamnation, du point de vue d’une véritable fugue. Mais au lieu de lui en faire grief, en se tenant à une rogue comparaison avec les fugues de J.-S. Bach, ainsi que font tant de critiques, incapables de juger une œuvre en soi sans la mesurer à la toise d’une autre œuvre qui est sans mesure commune avec elle, August Halm s’attache à montrer les nouvelles lois que Beethoven a créées, en créant un genre nouveau :

— « Ce ne serait pas comprendre Beethoven que lui attribuer une violence faite à la forme ancienne, — pour lui en faire soit un éloge, soit un blâme. Ce ne serait pas comprendre la logique et la nécessité de la nouvelle forme qu’il a créée… Non, il ne s’agit pas d’une fugue relâchée, dégénérée, et pas davantage récoltée contre ses lois ; ce

  1. « Mit Fugenkünsten biz sur Künstlichkeit überladen », dit aussi Walter Riezler.