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Page:Rolland - Beethoven, 3.djvu/357

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LE CHANT DE LA RÉSURRECTION

Il n’est guère d’exemple beethovenicn où se montre, avec une netteté plus frappante, le double travail du subconscient et de la volonté, qui cheminent, chacun à son pas, et quelquefois sont longs, chacun, à s’apercevoir du compagnon qui l’escorte ou le devance. Le génie, non pas aveugle, mais qui voit sous le bandeau, mieux que ne voit l’esprit volontaire, établit l’œuvre, bien avant que l’intelligence en ait pris la conscience raisonnée. Et le principal travail de celle-ci est, peut-être, moins d’organiser, après, les éléments apparus et de parfaire l’architecture — (ce qui mène parfois aux constructions les plus précaires de l’œuvre, car elles semblent obéir à des préoccupations de forme conventionnelles) — que de tenir constamment en haleine les forces intérieures, en forant, forant toujours le sol, pour frayer passage aux nappes les plus profondes et les plus pures de l’inspiration : — cette poursuite acharnée du vrai motif, de la vraie ligne, du vrai accent, du caractère vrai de ce courant musical, qui cherche sa route sous l’écorce. C’est en ce grand et dur labeur que la volonté claire s’associe efficacement à la poussée obscure du génie. Mais on peut assurer que, chez l’auteur de l’op. 106, elle n’a atteint à la compréhension complète — et donc à la possession pleine de l’œuvre entière, — qu’après que le point final a été mis, et qu’elle intercale encore (16 avril 1819) les deux premières notes, qui ouvrent l’Adagio.

J’imagine qu’alors il en a dû jouir, à la façon d’un étranger qui, comme nous, contemple l’œuvre, émerveillé. Il se rend compte de toute la marche de l’armée, de cette campagne napoléonienne de l’esprit, de sa logique, de sa néces¬