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Page:Rolland - Beethoven, 3.djvu/367

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LE CHANT DE LA RÉSURRECTION

unique, peut-être, dans la musique, et, à coup sûr, dans la musique classique.

Or, comme chaque mot de ce Testament touche au plus intime du cœur de Beethoven, — de ce qu’il n’a jamais pu ni voulu exprimer par la parole, et de ce que sa musique


    questions esthétiques ; et j’en relèverai ici les passages, où Beethoven affirme l’unité indissoluble qu’il entend établir entre les paroles qu’il compose et sa musicpje. Bien que son jugement critique évalue exactement la mécnocrité de tels de ces textes, il ne permet plus d’y rien changer, après qu’il les a imprégnés de sa musique : car, des uns et de l’autre, il a fait un tout, — une œuvre d’art : Lettre du 23 août 1811 à Breitkopf, au sujet de son oratorio : « Christ aux oliviers » (éd. Kalischer, no 253) :

    Le texte doit rester, en toutes ses parties, comme il était originairement. Je sais que le texte est extrêmement mauvais ; mais quand on s’est fait un tout d’un mauvais texte, il est difficile d’éviter, par des modifications séparées, que ce tout ne soit détruit. Et quand il n’y aurait qu’un seul mot, auquel on a attaché grande importance, ce mot doit rester. Il est un misérable auteur, celui qui ne cherche pas et qui ne sait pas tirer autant de bien que possible, même d’un mauvais texte ; et quand c’est le cas, ce ne sont pas quelques changements qui rendront l’ensemble meilleur !… »

    (Hier und da muss der Text bleiben wie er ursprünglich ist ; ich weiss, der Text ist âusserst schlecht, aber hat mat auch sicb einmal aus einem schlecbten Text sicb ein Ganzes gedacht, so ist es schwer, durch einzelne Aenderungen zu vermeiden, dass eben dieses nicht gestort werde, und ist nun gar ein Wort allein, worin manchmal grosse Bedeutung gelegt, so muss es schon bleiben, und ein (miserabler ?) Àutor ist dieser, der nicht so viel Gutes als möglich auch aus einem schlechten Text zu machen weiss oder suebt, und ist dieses der Fall, so werden Aenderungen das Ganze gewiss nicht besscr machen… »)

    L’éditeur ne tient pas compte de l’avertissement : on « améliore » le texte : Beethoven est furieux. Il récrit, le 28 janvier 1812 (Kalischer, no 275) :

    « Eh ! bon Dieu ! est-ce qu’on croit donc, en Saxe, que c’est le mot qui