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Page:Rolland - Beethoven, 3.djvu/368

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BEETHOVEN

pure, dans ses autres œuvres, laisse seulement soupçonner, on imagine les révélations qui sont inscrites sous le tissu sonore de cette vaste épopée. Elle nous livre, sur la pensée de Beethoven, plus que tout le reste de ce qu’il a écrit. Elle nous confesse sa foi, ses espérances et ses doutes. Les moindres nuances de sentiment sont gravées, avec ce scrupule de vérité qui est un impératif catégorique de l’esprit et de l’art de Beethoven ; et la maîtrise de sa main assure à l’expression une fidélité absolue. Il a conscience que, de toutes les tâches qu’il a assumées, celle-ci — la Messe — la confrontation de l’homme avec son Dieu — est la plus haute.

« Höheres giebt es nichts, als der Gottheit sich mehr als andere Menschen nähern, und von hier aus die Strahlen der Gottheit unter das Mensehengeschlecht verhreitern[1]. »

« Il n’y a rien de plus haut que de s’approcher de la divinité, plus que les autres hommes, — et, de là, répandre les rayons de la divinité parmi le genre humain. »)

Et cette pensée est complétée par une autre :

    fait la musique ? Si un mot qui ne convient pas peut gâter la musique(et c’est un fait !) — on devrait se réjouir quand on trouve que la musique et le mot ne font qu’un, et on ne devrait pas vouloir faire mieux, même si le mot en soi est vulgaire… Dixi !… »

    (Ei du lieber Himmcl, glaubt man denn in Sachsen, dass das Wort die Musik mache ? Wenn ein nicht passendes Wort die Musik verderben kann, welches gewiss ist, so soll man froh sein, wenn man findet, dass Musik und Wort nur eins sind und trotzdem dass der Wortausdruck an sich gemein ist, nichts besser machen w’ollen — dixi…).

    On ne peut affirmer plus catégoriquement l’unité symphonique de la musique et du mot.

  1. Lettre d’août 1823 à l’archiduc. (Kalischer, IV, pp. 329-330).