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Page:Rolland - Beethoven, 3.djvu/369

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LE CHANT DE LA RÉSURRECTION

« Nur die Kunst und die Wissenschaft erheben den Menschen bis zur Gottheit1. »

(« Seuls, l’art et la science haussent l’homme jusqu’à la divinité. »)

Ces fières paroles, dont la première date de l’achèvement même de la Messe, attestent clairement son dessein Prométhéen : par le moyen de l’art, s’approcher du Divin, et le rayonner sur les autres hommes. A quelque issue qu’ait mené (nous le verrons) cet héroïque efTort, Beethoven y a livré son suprême combat de Jacob avec l’ange. Et ce combat, qui se renouvelle, d’âge en âge, tout un âge de l’humanité l’a livré avec lui. Car les génies et les héros ne sont jamais seuls. Ils sont un peuple, ils sont un siècle qui viendra •— qui est venu, pour Beethoven. Ecoutons, dans la Missa Solemnis, son grand Testament !

Il nous faut toutefois, avant d’entrer dans son étude, la situer dans l’ordre chronologique et dans la succession de l’ensemble de son œuvre et de sa vie. Une erreur ordinaire de la critique est de juger de la musique religieuse de Beethoven et de la conception même de cette musique, d’après la seule Missa Solemnis. Si puissante que soit cette œuvre, elle n’enferme pas plus la pensée 1. Lotira du 17 juillet 1812 à Emilie-M. de Hambourg. (Cî. Thaver, t. III, p. 319).