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Page:Rolland - Beethoven, 3.djvu/373

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LE CHANT DE LA RÉSURRECTION

un témoignage impressionnant, dans un récit que nous a laissé Sehindler :

« Le 20 avril 1S23, raconte-t-il, nous étions à table, vers midi ; Vintendant (Haushofmeister) de la comtesse Schafgotsch apporta la partition d’un nouveau texte pour la première Messe 1, par le Musickdirektor Benedikt Scholz. Beethoven ouvrit le manuscrit et commença ci lire rapidement. Quand il en vint au qui tollis (du Gloria/1, les larmes lui roulèrent sur les joues. Au Credo, il se mit à pleurer tout haut (fîng ci laut zu weinen), et il dut cesser de lire ; il disait : « Oui, c est ainsi ciue j’ai senti, lorsque j’ai écrit cela !... » — Ce fut la première et la dernière fois que je vis Beethoven pleurer. » (Es war dies das erste und letzte Mal, dass ich Uni in Thrànen sali.) 1 2.

1. Le texte original (le la Messe en ut était en latin. Mais la censure interdisait (surtout après 1820) de donner le texte latin, au concert. Et Beethoven voulait atteindre, par ses œuvres, les cercles non catholiques. Un premier texte en allemand., par Christian Sehreibor, avait été publié par Brcitkopf. Il ne plaisait pas à Beethoven. Benedikt Scholz en écrivit un second, en 1823.

2. Je combine ici deux textes de Sehindler, qui se complètent : l’un, extrait de sa Biographie cle Beethoven (première et deuxième éditions de 1840 et 1845, p. 136-7 — l’autre, écrit sur le manuscrit même de Scholz, qui se trouve maintenant au Bcethovenhaus de Bonn. D après ce dernier texte, les paroles de Beethoven auraient été :

—- ■ So hab>‘ ich gedacht und gefüiilt, wie diese Worte es bezeiclinen, als ich aieses II crk schrieb ! » — Et Sehindler ajoute que- « jamais il n’a vu Beethoven aussi abîmé dans la contrition (zerknirscht) que dans ce moment, qui le caractérisait si bien. » On trouvera les deux textes de Schreiber et de Scholz, publiés en lace de 1 original latin, dans 1e cinquième fascicule des Vcrofjenilichun-