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Page:Rolland - Beethoven, 3.djvu/376

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BEETHOVEN

porter aux pieds de son Christ la douloureuse reconnaissance dont était plein son cœur meurtri. Et à mesure qu’il était plus seul, veuf d’amitiés et d’amours, et qu’il s’acheminait vers le complet détachement de cette vie, qu’à l’heure de sa mort il laissait tomber avec un soupir de soulagement ironique, ainsi qu’un rôle de comédie*, Dieu remplissait en lui tout 1 espace : il épousait sa triple forme : la Force, l’Amour et la Lumière. Il s’identifiait avec la Toute-Puissance créatrice, en même temps qu’avec la tremblante humilité de la créature. Et il voulait communiquer aux autres ses intuitions. Le principal, en composant ces Messes, était, pour lui, comme il l’écrivait à Streicher2 : « sowohl bei Singenden cils Zuhôrenden religiôse Gefühle zu erwecken und dauernd zu machen » (aussi bien chez les chanteurs que chez les auditeurs, éveiller des sentiments religieux et les rendre durables ).

Rien donc qui ne vienne du cœur !... « Von Hertzen — Muge es wieder — zu Hertzen gehn !... 3. Rien pour l’clTet, rien pour le théâtre ! Dans les Cahiers de conversations, Beethoven, interrogé sur les idées qui ont été à la base de 1 2 31. — « Plaudite, amici ! I’ inita est comœclia. >;— Le mot est attesté, à la fois par Schindler et par le Dr Wawruch. Il a été dit à Schindler et au petit Breuning, deux heures avant que commençât l’agonie. , 2. 16 septembre 1824.

3. Comme on le sait, ces mots ont été inscrits par Beethoven, en tête du Kyrie de la Missa Solemnis ; et il les avait déjà notes, sur une feuille d’esquisse, tandis qu’il travaillait au Crucifîxus : « Venu du coeur, puisse-t-il retourner au cœur I » On trouvera le fac-similé de ces paroles, avec la première feuille de la partition, dans le volume présent.