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Page:Rolland - Beethoven, 3.djvu/377

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LE CHANT DE LA RÉSURRECTION

sa composition de la Missa Solemnis, manifeste son mépris pour l’habituelle musique d’église, qui dégénère en musique d’opéra L

Et peut-être la forme architecturale de la Missa Solemnis n’était-elle pas celle qu’au fond du cœur, pour la Messe, il préférait. Elle lui avait été commandée par l’occasion exceptionnelle, qui était la fastueuse intronisation d’un cardinal-prince. La preuve qu’il n’en était pas intimement satisfait, est que, tandis qu’il l’écrivait, il en ébauchait une autre, pour lui-même. Et quand il exprime sa conception de la véritable musique de la Messe, cette conception est, dans ses dernières années, beaucoup plus proche de la Messe en ut que de la Missa Solemnis. Que disait-il en effet en 1825 à Karl Gottlieb Freudenberg ?

— « La pure musique d’église ne devrait être exécutée que par les voix, à Vexception d’un Gloria ou d’un autre texte apparenté... » 1 2.

— « C’est pourquoi, ajoute Freudenberg, il préférait Palestrina... » 3.

Or, la caractéristique de la première Messe en ut est qu’à l’encontre des autres Messes du temps, elle était essentiellement une œuvre vocale, où les voix ont le rôle prin- 1. « Wir sagen, dass die gewôhnliche Kirchenmusik fast in Opernmusik ausgeartet ist. » (Ed. Walther Nohl, p. 238, décembre 1819). 2. « Reine Kirchenmusik miisste nur von Singstimmen vorgetragen werden, ausgenommen ein Gloria oder ein andrer dem. àhnlicher Tcxt... » 3. Mais, continuait Beethoven, ce serait un non-sens de l’imiter, sans posséder sa religieuse contemplation (Anschauung). De plus, il serait sans doute impossible aux chanteurs d’aujourd’hui d’exécuter lés longues tenues, « tragend und rein ».