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Page:Rolland - Beethoven, 3.djvu/388

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BEETHOVEN

B E E T II 0 V E N

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La Messe s’achèvera, dans plus de trouble qu’elle n’en avait en commençant. Il faut bien se rendre compte de cette atmosphère d’inquiétude, de cette réponse implorée, qui ne vient pas 1, pour mesurer tout le trajet, du point de départ de Y eleison du Kyrie, au point d’arrivée, à cette « paix », qui n’est point donnée.

Mais dans le Kyrie, on ne sait pas encore qu’on ne va point la trouver. Régnent encore l’espoir et la foi. Ils communiquent à ce premier Hymne sa plénitude. Il y a communion entre la toute-puissance du Dieu invoqué et l’appel de sa créature ; et de là vient la parfaite harmonie, qui marie ensemble ces deux éléments du Kyrie. Ils ne s’opposent point, ils se complètent. L’homme voit l’Eternel dans sa gloire ; et vers cette gloire inaccessible, il tend les bras, il tend son corps, dans un effort humble, tenace et robuste,

— qui ne suffirait point, sans l’appel qu’il fait au médiateur :

— « Christe, Christe, eleison !... »

Ici, la tonalité passe au mineur, le rythme impérial, de carré se fait ternaire ; et autour des deux colonnes du nom : « Christe », s’enlace en contrepoints fleuris et pressés, comme des lianes, la supplication de Y eleison. C’est une foule qui implore ; mais son imploration mélodieuse n’ose, qu à un moment d’oubli très bref, élever la voix jusqu’au ff., et se maintient le plus souvent dans le p., le pp., pour mourir dans le ppp...

Le Dieu tout-puissant — le Kyrie — reparaît. Les majes¬ 1. Ou qui ne vient, dans les traits finaux, brefs et violents, de l’orchestre, que par contrainte de la volonté.