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Page:Rolland - Beethoven, 3.djvu/397

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LE CHANT DE LA RÉSURRECTION

nieusement liées et balancées, ainsi qu’un bercement, sur la tenue des cors en point d’orgue. Le motif du Gloria en ressurgit p. cresc., avec les cors, les trompettes et les timbales, suivis de tout l’orchestre, sur le Laudamus, dont le Glorificamus sera l’achèvement contrepointique et le couronnement triomphal, -—- par deux fois précédé et coupé par le bref et total recueillement pp. de YAdoramus : — contraste psychologique et décoratif, dont la fréquence seule est Beethovenienne, car son principe est chez Hændel. Ces courtes pauses, répétées, de prosternation préparent l’âme à de longues périodes de concentration, qu’annonce déjà le tendre cantabile de reconnaissance : « Gratias agimus ». Le dessin mélodique et les harmonies en sont du plus pur Beethoven. On y retrouve cette grâce ingénue, confiante, un peu pastorale, dont les apparitions fugitives étonnent et touchent, chez cet homme héroïque, dont la volonté est le plus souvent tendue. Beethoven y use des sonorités les plus délicates de l’orchestre : clarinettes et bassons, appuyés sur les tenues de l’orgue, des cors et des cordes, puis renforcés par ces derniers qui, lorsque les voix font leur entrée, ne laissent plus entendre qu’un pizzicato des cordes. La phrase suit exactement les nuances du texte : « gratias tibi propter gloriam tuam » (reconnaissance à cause de ta gloire). L’affectueuse flexion de reconnaissance se relève en un dessin ascendant, sur le mot : « gloire », qui ramène dans l’orchestre, une dernière fois (avant la conclusion définitive) la fanfare du Gloria. Et, cette fois, éperonnée par les acclamations

  • — on dirait : par les « Heil ! » du peuple qui salue l’arrivée

de son roi, — elle atteint au paroxysme, avec une éclatante